Trop c’est peu
L’apprentissage du regard ne passera pas sans une extrême sélection des images données à voir. Une acuité à tâcher d’apprendre, à enseigner ? D’un trop plein il faut parvenir à ne recueillir que l’essentiel. L’inflation visuelle présente, frénésie d’une abondance supposée richesse. Images jetées en pâture, affichées, exposées, surexposées. Pour éviter quelque peu la paresse cérébrale qui en découle naturellement, tâchons de plus sélectionner. D’en donner moins à voir. Mais mieux. Quelques amorces de réflexions trouvées au gré de lectures. Pour que le matraquage visuel n’engendre pas le ko du spectateur. Souhaitons qu’en découlent des enseignements et que nous parvenions à mieux regarder, et ainsi à mieux comprendre. bso
" L’averse ininterrompue de nouvelles instantanées, l’abondance d’images en direct nous donnent l’impression d’être branchés en permanence sur la planète. Or plus on est abreuvés d’informations, moins on en saisit le sens. Bernard Lalane Article dans l’Expansion Juillet 1991
" (…) il est difficile de prendre du recul par rapport au flot d’images d’actualité dans les journaux télévisés et les magazines d’information et (…) nous ne prenons jamais le temps de les analyser. Stop, essayons de comprendre ce que nous avons vu. " Bernard Benyamin, journaliste de France 2 A propos de son émission Face à l’image
" Pour continuer à créer sans être submergé par les flux indistincts et perpétuels, il est vital de choisir, d’élaguer, de soustraire et de se soustraire. Le problème se trouve dans l’urgence de trouver une attitude face à cette prolifération. Loin de nous l’idée de nier la fécondité potentielle de ce milieu créé par l’imbrication des flux, choses, images, personnes, informations ; cependant il est difficile de mener pendant longtemps ce train, de participer à cette accélération des propositions et des réponses, sans que cela n’entraîne une oblitération ne serait-ce que partielle de notre faculté à goûter le beau. On a vu, sans voir. On a vu comme on voit n’importe quoi. On a vu en vrac. " Fumi Yosano Ouvrage collectif " Comment vivre avec l’image ? " PUF 1990
" Un des problèmes posés par cette pléthore d’informations résulte du fonctionnement séquentiel de notre cerveau : nous ne pouvons focaliser notre attention que sur un seul programme à la fois. (…) une nouvelle forme de pollution nous guette : la pollution par l’excès d’informations et d’images. (…) il va nous falloir apprendre à sélectionner judicieusement une des denrées vitales de demain, l’information. Pour vivre une vie pleine et utiliser au mieux notre cerveau, il nous faudra sans doute inventer une diététique de l’image. " Joël de Rosnay |