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Coup d'oeil

 
 

 
 
 
L’Europe nous fait signe
 

 
 

La rubrique Coup d’œil ce mois-ci devait être une analyse iconographique des Unes de quotidiens au lendemain du referendum sur la constitution européenne en France. Il s’est avéré, après étude de la presse française et étrangère, que cela ne serait pas. Qu’il fallait sortir du cadre purement iconographique, quasi inexistant, pour aller vers celui des signes. Ceux-là même qui nous préparent peut-être à l’image de ce qui n’a pas encore d’existence propre, L’Europe.
Ces prémices de signes, décryptés et analysés par Daniel Perrier, graphiste plasticien, ont valeur de langage sous jacent et compréhensible par tous si l’on regarde bien. Et si l’on écoute bien.

" Il ne peut y avoir un travail iconographique ou de langage précis parce que l’on est dans le cadre d’un vote qui est particulier en soi. La question qui est posée, ce qui est en jeu, tout cela joue sur une certaine forme d’affect ou avec une certaine forme de relation avec les enjeux qui sont donnés par le projet du traité de la constitution européenne. On ne peut s’attacher à une personnalité comme dans le cas d’une élection présidentielle. On fait réfléchir les gens sur quelque chose de relativement " immatériel ". Est-ce que l’on peut représenter l’Europe ? Y a-il un signe, hors le drapeau européen, pour représenter l’Europe ? Ça pourrait se réfléchir, se travailler mais dans l’état des choses, à partir du moment où l’on communique sur " l’entité " Europe il n’y a peut-être pas encore de signe associé à cette notion-là. "
Ce qui étonne Daniel Perrier en examinant ces " Unes "de journaux, c’est la différence de traitement entre les journaux étrangers -qui travaillent davantage sur la titraille et renvoient explicitement à la question de l’Europe et de la constitution-, donc interpellent le lecteur par rapport au titre. Alors que dans la presse française, il n’y a que deux informations : le pourcentage et le terme d’allitération " non". Il n’y a pas d’iconographie possible.
" Toutes les iconographies de " Unes " qui sont parues avant le vote jouaient sur la question oui ou non. Il y avait encore possibilité de symboliser ; le symbole de quelque chose qui éventuellement s’équilibre, le symbole d’une double vision. Mais là, maintenant, il n’y a qu’une réponse. On doit faire avec le " non ". Et comment va t-on commencer à informer iconographiquement sur le " non " ?
En réalisant que nous ne sommes plus dans la campagne, mais dans la réalité du langage politique.
" Ce qu’il serait intéressant ce serait le suivi des "Unes " pour savoir ce qui va finalement remonter comme élément d’information forte. Nous sommes dans une problématique extrêmement complexe. Une question qui est posée à l’échelle de l’Europe va être transformée en question franco-française. Il y a donc amalgame de circonstance "
Ce que Daniel Perrier analyse de la société française avec ce résultat c’est que celle-ci doit gérer son "non " et l’État doit gérer cette crise. Comment les chefs de partis doivent envisager l’avenir et puis surtout doit-on continuer la ratification du traité.
" Les " Unes " sont dans l’expression du résultat et d’emblée dans la rhétorique " la France va mal ". Par exemple, dans le " Républicain lorrain " on a la titraille sur le résultat et ensuite le commentaire des hommes politiques. Très vite on se rend compte que ce n’est pas le résultat européen qui est l’enjeu mais l’expression de quelque chose d’uniquement français. Ce qui est paradoxal ! Jamais le mot " victoire " n’est écrit en couverture même chez les plus partisans.
C’est le pourcentage qui donne de l’importance au résultat. Et les mots qui reviennent très symptomatiques de la situation, sont " la gauche et la droite fracturées (Libération), " le refus français ouvre une période d’incertitude "(La Croix), "l’Europe en crise " (le Figaro) qui parle du plan B alors qu’il n’y a pas de plan B…et France Soir qui ne pose qu’une seule question.


Quant à la presse en général, celle-ci n’accorde pas une ligne sur ses responsabilités possibles du résultat de ce scrutin. Aucune autocritique sur la manière dont le referendum lui-même a été abordé. Elle n’est pas vraiment rentrée dans le principe qu’il fallait compléter l’information qui avait été donnée. Il y a eu un retard considérable, qui n’a été rectifié que plus tard. Avec une explication de texte ainsi que les enjeux du scrutin. Il y a eu une superposition de choses : donner toutes les informations possibles et décortiquer ce qu’était vraiment cette constitution : un truc énorme et illisible. Rappelons que la constitution des Etats-Unis d’Amérique ne comporte que treize articles !
" Il faut savoir aussi que cette constitution avait posé problème au départ, au moment où les gouvernements avaient ratifié le projet. Notamment à cause de son contenu. Il y avait eu toute une opposition et quelques attaques à la constitution elle-même qui figeait noir sur blanc, telle une profession de foi, trop d’aspects: qu’ils soient politiques, économiques et sociaux .
Il serait intéressant de revoir quelles avaient été les couvertures de presse à ce moment-là"

Quoi qu’il en soit, les jeux sont faits. Pour l’avenir. Un avenir indécis comme tout avenir.
" Un " non " en psychanalyse, c’est important. Si on met ce "non " à l’échelle d’un pays, on peut considérer que ce pays à décidé de sortir de l’enfance. Qu’il apprend enfin à dire non. Le " non " statut sur quelque chose de l’ordre de l’exceptionnel : séisme, énorme, choc. C’est une
quantité. Et c’est aussi une entité de gens qui expriment un accord pour le " non ".
L’accord d’un désaccord pour une expression où la question était oui ou non."
Ce " non " vaut le " oui " dans le sens d’acceptation d’un choix par la majorité.

Cha